Soleil aidant, la visite mélancolique de ce beau Beaujolais se poursuit entre caveaux et villages haut perchés. Deuxième partie de ce petit périple en terre gamay…

Avant de morgonner dans le caveau de Morgon, ça « chardonne » ! Et oui, avant de passer sur les différents types de Morgon, j’ai voulu retenter le blanc. Après l’expérience douloureuse du caveau de Beaujeu, je ne pouvais pas rester sur cette impression…Alors ce n’est pas un gaulois qui l’a fait, mais Jacky Passot en Beaujolais-Villages. Le nez floral de rose et de violette me rassure et la bouche ronde et fruitée fait remonter le blanc dans mon estime. Certes, ça reste déséquilibré sur l’amertume, mais c’est un vin qui se boit…En revanche, si vous voulez prolonger l’expérience douloureuse, je vous conseille le rosé Beaujolais-Villages du domaine des Gaudets en 2011: en plus des dents qui tombent, c’est vous qui sombrez à la Marie-Anne Chazel dans Les Bronzés font du ski ! Alors, on se reprend, on se relève et dégustations des rouges du cru Morgon…

Maintenant, on peut morgonner ! Ce terme de dégustation qualifie les arômes olfactifs et gustatifs propres à ce terroir. Pour faire simple, 6 climats sont reconnus sur le terroir du cru Morgon (carte ci-dessous), et chacun d’entre lui exhale un arôme particulier, plus prononcé. Ainsi, l’Association des Producteurs du Cru de Morgon, qui gère le caveau, sélectionne un Morgon de chaque climat représentant au mieux sa typicité. Ces 6 climats sont joliment représentés par des dames dans le caveau…la sélection devient plus intéressante !

Un Morgon Corcelette 2011 de Gravallon-Lathuillière ouvre le bal…mais le referme aussitôt. Il manque de rondeur, les fruits sont peu présents et les tannins un peu agressifs. Ne pas le boire tout de suite…tout comme le Morgon Les Charmes 2010 de Bernard Passot. On retrouve un nez net et ouvert sur la framboise (typique de ce climat), mais en bouche, c’est pas encore ça mais le potentiel est là ! A garder sous le coude…alors que le Morgon Côte du Py 2010 de Fabien Desvignes: un délice ! On retrouve tout ce qui fait la réputation de ce climat: nez intense et kirsché, que l’on retrouve au palais avec une note poivrée, le tout bien structuré ! Celui-là peut attendre mais se boit facilement maintenant…J’oublie rapidement le dernier Morgon du Château de Fontcrème, qui n’est pas issu d’un seul climat mais représentant l’ensemble du Morgon. Pour moi, c’est sans caractère…

Si vous voulez vous dégourdir les papilles après tant de vins, le Beaujolais ne manque pas d’endroits calmes, reposants et incroyablement charmants. La tranquillité et le panorama de la chapelle du Mont Brouilly vous envoûtera, tandis que les célèbres pierres dorées du village médiéval d’Oingt, là-haut perché, vous transportera hors du temps ! Et pour plonger un peu plus dans la légende du Beaujolais, direction Clochemerle…

Pourquoi la légende ? Car le village de Vaulx-en-Beaujolais a inspiré le célèbre roman de Gabriel Chevallier, intitulé Clochemerle. Paru en 1934, il a été adapté au cinéma, à la télévision et traduit dans 26 langues ! Caricatures de la société française d’époque (militaire, fonctionnaire, riche, paysans, …), tout tourne autour d’un projet…de pissotière (que vous pourrez honoré dans le village). S’en suit des situations burlesques et surtout des querelles de village qui finiront par se résoudre grâce au « bon sens paysan » et au vin du Beaujolais ! D’ailleurs aujourd’hui, dans le langage courant de la région, une querelle de voisinage est une querelle de Clochemerle ! Vous pourrez ainsi admirer la fresque représentant les personnages du roman, au centre du village…

Alors là, écartez bien vos esgourdes car l’adresse que je vais vous donner va vite se savoir ! Si vous voulez finir votre séjour en beauté, n’hésitez pas à vous rendre à la Ferme du Rolland, chez Carmelo et Martine. Nichée près de Jullié, au Col de la Petite Sibérie, vous serez chouchoutés dans cette ferme grandiose, rustique et plein de charme ! Tout ce que vous mangerez là-bas, vient de…là-bas ! De l’entrée au dessert, en passant par le bœuf, le cochon, et bien évidemment le vin, est produit par la famille. UN RÉGAL ! Tout en biodynamie, le vin Cuvée d’Ange 2010 est net, droit et sans défaut: un mélange de fruits noirs, de framboise et de cerise, le tout bien équilibré ! Si vous cherchez du vrai, de l’authentique et du bien-être, courrez-y vite avant que ça se sache trop !

Et voilà, bien sûr que 2 jours c’est trop court, bien sûr que je resterai volontiers avec , bien sûr que j’aimerai continuer à savourer le vin dans les petites maisons vigneronnes, à parler de mon enfance avec les gens du coin,…mais…ya pas de mais,je ne trouve pas de raisons valables pour ne pas y retourner dans ce beau Beaujolais…

L’ESSENTIEL: Dans le Beaujolais, il y a 2 appellations, Beaujolais et Beaujolais-Villages, et 10 crus: Brouilly, Côte de Brouilly, Chénas, Moulin-à-vent, Juliénas, Morgon, Morgon, Chiroubles, Fleurie, Régnié et Saint-Amour. Le gamay est le cépage quasi exclusif des rouges alors que les blancs (3% de la production) sont à base de chardonnay. Quant au Beaujolais Nouveau, ce n’est pas une appellation mais les vins Beaujolais et Beaujolais-Villages vendus avant le 30 novembre ! Malheureusement aujourd’hui, beaucoup de personnes ne connaissent le Beaujolais que par ce nom, qui est un vin de piètre qualité…