Entre deux sessions de surf, pourquoi pas se rafraîchir avec la production du seul domaine vinicole d’Indonésie: Hatten Wines ? Avouez que vous n’y aviez pas pensé ? A vrai dire, moi non plus…Alors louez votre scooter, et direction le nord de Bali, dans le petit village de Sanggalangit.
Pour être honnête, le surf est une excuse. Je me suis rendu à la cave de Hatten sans avoir mis le pied dans l’eau Cela paraît donc encore plus étrange de partir en Indonésie et de penser au vin. Mais que voulez-vous ? Une passion est une passion, même au bout du monde. Je dirais même, surtout au bout du monde. Un sentiment de curiosité et de découverte m’anime pour être surpris, étonné et remettre en cause mes certitudes. Et quoi de mieux que de goûter un vin d’un pays équatorial réputé trop chaud, pour justement tout chambouler ?
Vous serez tout d’abord merveilleusement accueilli par Agus, fier de montrer toutes les récompenses glanées par Hatten Wines, notamment au Wine and Spirit Asia Challenge de Singapour. Vous pourrez alors visiter en toute tranquillité (il y a peu de touristes…nous étions 2 !) et sous un beau soleil, les 15 hectares de vignes du village. Tout en pergola, afin d’ombrager les grappes et les vendangeurs, les cépages choisis ont été Belgia et Alphonse Lavallée. Oui je sais, on va s’arrêter deux minutes sur ces 2 variétés. Je n’en avais jamais entendu parler auparavant. D’après mes petites recherches, Belgia (variété blanche) serait un croisement entre le Muscat d’Alexandrie et Alphonse Lavallée, justement. Et ce dernier (variété noire) serait lui-même un croisement entre le Muscat d’Hambourg et le célèbre Kharistvala Kolkhuri , d’origine géorgienne. Avouez que vous vous coucherez moins bête ?
Créé en 1994 par Ida Bagus Rai Budarsa, l’œnologue choisi est australien, James Kalleske, issu lui-même d’une longue tradition familiale de la Barossa Valley, connue aujourd’hui pour ses exceptionnels shiraz. Mais la grande particularité de ce domaine est de réaliser 3 vendanges par an !?! Il n’y a pas de cycle de repos pour la vigne. Interloqué, je deviens de plus en plus impatient de déguster…Sans repos, la vigne est plus vite fatiguée et les saveurs sont moins intenses. Voilà en théorie, voyons le résultat:
Tout commence par le Rosé, à base d’Alphonse Lavallée. Il est séducteur par son œil saumoné, son nez ouvert sur les fruits rouges, puis un palais agréable et surtout rafraîchissant. A Bali, c’est utile. Bref, un bon début.
Continuons avec l’Aga Red, toujours avec ce fameux Alphonse Lavallée. Pour être franc, les tanins sont absents, l’acidité très peu marquée, avec peu de longueur. Un rouge à oublier.
Mais tout n’est pas perdu, avec des blancs plus prometteurs. L’Aga white offre une belle robe jaune citron au nez de pomme verte et de poire, qui se confirme en bouche, tout ça relevé par une belle acidité. Alors que l’Alexandria révèle les origines « muscataises » de la Belgia. Plus gras, aux saveurs de raisins, c’est un très bon apéritif.
Enfin, je terminerai par le Tunjung (qui veut dire « cap »…je précise au cas où vous ne seriez pas bilingue ), le pétillant sucré aux goûts trop prononcés de confitures de fraise et de groseille (un peu écœurant) produit à base de Probolinggo Biru (variété blanche issue d’Italie). En conclusion, allez à Bali vraiment pour le surf, et non juste pour le vin, auquel cas vous seriez déçu. D’autant que les prix de vente varient de 150 000 à 250 000 Roupies indonésiennes (je vous aide encore si vous êtes juste sur l’économie indonésienne) c’est à dire 10 à 17€… En revanche, si vous passez dans le coin pour longer la côte nord entre Lovina Beach et Pemuteran, arrêtez-vous ! Les paysages sont sublimes entre rizières, temples hindouistes et singes. Alors si je ne vous ai pas convaincu, peut-être que cette vidéo vous aidera. Selamat Jalan !