Après avoir évoqué le charisme et la puissance de Sir Botrytis Cinerea, alias « Pourriture Noble », deuxième coup d’œil sur une technique de vignerons (un peu sadique…) afin de concentrer le sucre dans le vin: le passerillage. Et toujours pas de Beghin Say !!!

Alors pourquoi sadique ? Imaginez que vous êtes un grain de raisin (allez, faîtes un effort !!!): vous naissez sur un cep de vigne avec plein de copains ! Vous grandissez ensemble, vous connaissez vos premiers amours, éclats de rire, larmes, … ensemble. En plus, et vous ne savez pas encore pourquoi, le vigneron vous chouchoute, par rapport aux autres grappes, qui sont déjà majoritairement parties au pressurage… La vie est belle entre soleil, nouvelle coupe de cheveu (effeuillage…), caresse, … Vous pensez que vous finirez vos jours paisibles, sur ce cep que vous aimez tant, entouré des êtres qui vous sont chers, autour d’un bon apéro. Bref, vous ne vous doutez encore de rien ! Et puis, par un beau matin d’été, alors que le soleil est à son zénith, le tant bienveillant vigneron vous enlève de votre terrasse ombragée pour vous exposer en plein soleil ! Plus de feuilles ni l’ombre du cep, juste vous et le soleil ardent ! Vous pensez qu’il s’est trompé et qu’il va revenir vous chouchouter, comme au bon vieux temps. Que nenni ! Vous desséchez, jour après jour, votre peau se flétrit alors que quelques jours auparavant vous étiez beau comme Viognier (je sais, j’ai dû mal en m’en séparer… 😉 ). Pire, vous vous déshydratez et commencez à faire du diabète avec un taux de sucre anormalement élevé Votre grain de peau devient très ridé, et alors que vous voyez la fin proche, le vigneron vous ramasse et vous presse !!! Et vous vous demandez pourquoi a-t-il fait des vendanges si tardives ? Car seules quelques gouttes de sucre sortent de votre corps…

Mais alors que vous étiez en route vers le pressoir, vous avez aperçu vos vieux camarades, au sort encore plus terrible ! Déjà séparés de leur bon vieux cep, ils sont pendus ! Complètement desséchés, seulement certains résisteront et donneront tout ce qui leurs reste: du sucre ! Vous avez l’impression d’avoir été manipulé, chouchouté par intérêt: votre sucre ! 100kg de grappes amis pour ne donner que 25 litres de vin, vous vous sentez minables comparativement aux 70 litres habituels… Et vous avez même entendu, par des bruits de couloir, que dans une région particulière, le Jura, vos collègues sont séchés sur des claies de paille, pour donner un vin du même nom ! SADIQUE !!! Mais finalement, ne le serions-nous pas un peu tous ? Qui ne s’est pas délecté d’un vin de paille du Jura, d’un Gewurztraminer Vendanges Tardives ou d’un Xérès Pédro Ximenez ? Avouez, vous êtes coupables !