J’ai compris la définition d’ « attrape-touriste » aujourd’hui, en me rendant au Musée du vin de Paris. Au départ, je me suis dit « pourquoi pas ? ». Puis à l’arrivée j’ai pensé « POURQUOI ??? ». Explications.
Déjà, un musée du vin, à Paris, à deux pas de la Tour Eiffel, à 10€ l’entrée, ça sentait pas bon…Mais j’aurais dû sentir l’arnaque venir, quand j’ai vu le panneau ci-dessous:
Quoi ? Il n’y a rien qui vous choque ? Un musée du vin situé « Rue des Eaux », ça vous paraît normal ??? Bon d’accord, je pousse le vice un peu loin, mais quand même…En fait, Bourvil devait venir de Passy car de nombreuses sources d’eau thermale aux vertus ferrugineuses ont été trouvées de ce côté là, entre les XVIIe et XVIIIe siècles (d’où le nom de la rue).
Une fois entré et vidé de 10 euros, il faut avouer que le lieu est beau ! Anciennes carrières de calcaires fournissant tout Paris au Moyen-Age, les voûtes ont ensuite appartenu à l’ordre du couvent des frères Minimes, qui produisait du vin, dont le clairet, le préféré de Louis XIII. Réhabilité en 1950, le lieu servait de cellier aux bouteilles du restaurant de la Tour Eiffel, puis est devenu propriété depuis 1984 du Conseil des Échansons de France (photo de l’article). Depuis, en plus du Musée, les voûtes abritent le restaurant « Les Échansons ».
Mais quand on a dit ça, on n’est pas avancé sur le musée ! Une fois la bonne impression visuelle passée, c’est parti avec un audio-guide (gratuit:-) Et là, une succession de 26 thèmes, appelés « bacchus », défilent tout au long des couloirs. Ces « bacchus » sont en fait des présentations ennuyantes d’outils de l’époque gallo-romaine à aujourd’hui. Sachant que chaque « bacchus » est divisé en plusieurs points. Cela donne:
« En passant la voûte, vous arrivez au bacchus numéro 23. Tournez vous sur votre gauche où se trouve une vitrine de couteaux et tire-bouchons. Remarquez le numéro 13 blablabla, puis le numéro 28 blablabla, ou encore le numéro 35 blablabla, … » Et je ne vous parle pas de la voix de l’audio-guide, une sorte de GPS aussi passionnant que Derrick ! Maintenant que vous avez toutes les informations, imaginez avec les vitrines ci-dessous:
C’est à ce moment que vous vous dîtes: « POURQUOIIIIIIIIIIII ? Plus jamais je ne critiquerai Derrick ! J’ai trouvé pire ! » Si au moins on avait la voix de Georges Clooney pour ses dames et Monica Bellucci pour ses messieurs, ça rendrait plus attractif…Car c’est dommage: le lieu est beau, la collection est variée et importante (trop ???) mais rien n’est pédagogique ou ludique. Quelques maquettes sont bien faîtes, comme un exemple du dégorgement des champagnes, mais d’autres paraissent inutiles (celle de Napoléon buvant du Chambertin, car c’était apparemment son préféré, ne nécessite pas une place entière: ON S’EN FOUT !). Mais, que voulez-vous, le petit Empereur est bien connu des touristes…
Mention spéciale toutefois à un « bacchus » consacré au vin de Paris (dont je parle ici), rappelant qu’aux alentours de 1850, le vignoble parisien était l’un des plus grands d’Europe !
Mais bon, 1 « bacchus » sur 26, ça fait cher…Même si la visite a failli bien se finir quand la charmante caissière m’a demandé: « vous voulez déguster un vin ? » Auquel j’ai évidemment répondu « non »…je rigole, j’ai dit « oui », elle m’a répondu « c’est 5 euros », j’ai vraiment dit « NON ! ».
Messieurs des Echansons, votre mission de promouvoir et défendre les appellations de la gastronomie et de la viticulture françaises est plus que louable, mais s’il vous plaît, commencez par le commencement !!! Car comme dirait l’autre: « l’eau ferrugineuse, oui, mais le musée du vin, NON ! »
