Entre l’atypique Valparaiso et la cosmopolite Santiago, il existe un petit air frais où les vins blancs de Casablanca soufflent…
Et oui, toutes les bonnes choses ont une fin Mais conclure avec cette belle vallée de Casablanca, j’ai connu pire ;-). Son soleil, ses belles collines et surtout sa petite brise venue tout droit du Pacifique (refroidi par le courant de Humboldt…pour les puristes) en ont fait un endroit idéal pour le vin…blanc !?! Et oui, cette petite région a la particularité d’être l’unique région chilienne où la production de vin blanc est supérieure à celle du vin rouge. Mais cela a pris du temps pour s’en rendre compte. Il faut attendre les années 1990 pour que les premières productions apparaissent. C’est le cas de Casas del Bosque, maison fondée en 1993 par Juan Cuneo Solari et devenue un poids lourd du coin.
Le site est remarquable, l’accueil courtois et le chef-dégustateur très sympathique. Alors, sans perdre de temps, plongeons-nous dans ses fameux vins blancs. Pour être clair, à 7,5€, le Sauvignon Blanc Reserva 2014 est une merveille. L’originalité: 2 mois en fut français. Résultat: du corps et des arômes supplémentaires, sans perdre la typicité du cépage. Poire et pomme verte au nez, qui laissent place au fruit de la passion en bouche, sublimé par des notes de pin et de résine. L’équilibre entre l’élégance, le corps et l’acidité. J’ai bien fait de venir Le Chardonnay Reserva 2014 est dans la même lignée de réussite. Équilibre entre les fruits exotiques, le pain grillé de la barrique, le beurre de la malolactique et l’acidité. J’ai vraiment bien fait de venir !!! Dommage que les rouges ne suivent pas…En effet, un Pinot Noir Gran Reserva trop confituré, malgré une belle acidité et une Syrah Pequenas Prducciones absolument plat me rappellent que je suis venu pour les blancs Là, j’ai bien fait de partir…pour me rendre dans la cave de la Kingston Family.
Ici, on change de catégorie. Pas de vin de masse, seulement du haut de gamme. Pourtant à l’origine, cette famille vendait tous ses raisins aux grandes maisons (Concha y Toto, Santa Rita…rappelez-vous). Mais un jour d’été, l’œnologue américain David Hirsch (référence de la Sonoma Valley, capitale du Pinot Noir du Nouveau Monde) en visite dans le coin, reconnaît l’excellence du sol, de l’exposition et du climat. Il incite la famille Kingston à y planter du Pinot Noir. Près de 15 années après, Alazan Pinot Noir est recommandé par les plus grands guides et critiques du monde. C’est frais, fruité, une acidité typique, le tout relevé par une touche toastée. Que dire de plus ??? A 30€, foncez !!! Aujourd’hui, pour viser cette excellence, la maison conserve seulement 10% des raisins (les meilleurs, bien sûr 😉 ) et les autres, toujours vendus aux grandes maisons, dont Indomita pourrait faire parti.
Après la large production de Casas del Bosque, l’élitisme de Kingston, cette troisième et dernière visite m’amène vers cette cave commerciale. Pourquoi commerciale ? Oscar Mendieta (diplôme d’histoire du vin) me l’explique très honnêtement: faire du volume pour boire un vin jeune et facile. Au moins, ça a le mérite d’être claire et j’aime ça. L’œnologue n’a pas la prétention de faire un grand vin et respecte la philosophie de la maison. Et pour cause, 90% de la production ne passe pas en barrique, ce qui est très rare en Amérique du Sud. Et vous savez quoi ? Ça marche !!! Leur Sauvignon Blanc est absolument typique entre agrumes, pomme verte et minéralité. Et vous savez quoi ? Cela coûte 4€ !!! Facile, fruité, économique: vous avez vôtre vin quotidien ! Evidemment, il y a eu une demande pour un vin plus élaboré, Zarduz (30€), mais ce même Oscar me prévient: « Cela ne les vaut pas. C’est juste une mode. » Voilà qui est dit. Et vous savez quoi ? Il a raison. Pour ce prix, allez voir ailleurs. Une visite donc pleine de fraîcheur et de simplicité. Merci Oscar.
Mais décidément, je n’arrive pas à me dire que c’est fini. Alors pour prolonger le plaisir, je dîne dans LE bar à vin de Santiago: Bocanariz. Plus de 400 références de vins chiliens, classées par régions et cépages: une vraie bible. Je vous conseille donc d’avoir une certaine connaissance du vignoble chilien pour pas trop vous y perdre. Quant à moi, je suis venu dans le pays du Carménère sans quasiment en avoir bu, alors let’s go ! Un Gran Reserva Alchemysta 2013 qui fût la bonne surprise. Complexe sur les arômes: figue, pruneaux, poivron vert, réglisse et cassis, et bien travaillé pour donner de subtiles notes lactées et vanillées. Cela ne m’aide pas à partir tout ça. Et vous savez quoi ? Je suis quand même parti…mais avec beaucoup de souvenirs dans le sac à dos 😉