Après La Roche Vineuse, mon instinct vinicole me conduit à Loché. Ça vous dit peut-être rien et pourtant, son Pouilly-Loché vaut le détour…ainsi qu’un portique du XVIe siècle 😉
Et oui, quand on a un ami fan d’églises, c’est un passage obligé. Je sais, j’ai des amis étranges…Pourtant, je dois reconnaître que ce bâtiment donne un cachet superbe à ce petit village pittoresque, qui abrite l’appellation Pouilly-Loché. Méconnue face à son illustre voisin Pouilly-Fuissé, et pour cause, cette appellation couvre une trentaine d’hectares contre…plus de 750 pour la star Fuissé. Alors, parton à sa découverte !
Ainsi, une fois la visite touristique finie, me voici au fameux Clos des Rocs. Pourquoi fameux ? Regardez la photo du propriétaire. Ça vous dit rien ? Sûr ? Même si je vous dit qu’il s’appelle Olivier Giroud (je ne ferai pas la blague du footballeur) et qu’il a posé il y a peu. Bon, OK, je vous aide mais c’est la dernière fois. C’est LA « star » du Spécial Vin 2014 du Point. Lui le modeste, il va me tuer quand il va lire ça ! En revanche, dès qu’on parle de vins, là, ça devient sérieux ! Et l’ami Olivier n’a pas sa langue dans sa poche. Alors, quand je commence par une question simple: existe-t-il une vraie différence avec Pouilly-Fuissé ? La réponse est cinglante: « T’es bien gentil mon pti’t père, mais…j’en sais rien…C’est surtout une guerre de clochers (encore lui !) dans les années 1930 qui a aboutit à diviser Fuissé, Loché et Vinzelles. Voilà tout. »
Une fois mis dans le bain par son franc-parler, on peut s’attaquer aux vins. Et sans le savoir, je m’attaque au coup de cœur de la dégustation: 
le Pouilly-Loché « Les Mûres » 2012 (14,9€). Un équilibre superbe entre citron et minéralité au nez, qui se révèle pleinement en bouche. Tonique, ça vous réveille ! Je suis prêt pour le suivant: Clos des Rocs Monopole 2012 (17,9€). 70% en fût de 500 litres sur des vignes de 70 ans, c’est du toast et du beurre au nez, c’est droit, minéral et même une pointe de coing en bouche, bref c’est du bon boulot ! Le 2011 lui ressemble, mais en plus intense !
Mais tout ça n’annonce en rien la surprise du Clos des Rocs Révélation. Tout en biodynamie, Olivier Giroud essaye donc de travailler sans soufres, avec les cycles lunaires. Il a du mal à l’expliquer mais il observe bien que les vignes sont plus sensibles aux maladies en mai, juin et juillet. Sans toujours l’expliquer, les bouses de corne rendent les vignes plus équilibrées, plus régulières. Bref, que du positif ! 1000 bouteilles par an, 22€ et de l’atypique. J’ai rarement un nez poivré, miellé et « clou de giroflé », suivi d’une bouche herbacé, voir céréales grillées. Seule la longueur m’a dérangé. Mais ce vin est surtout à l’image de ce propriétaire dynamique. Plein d’idées, un poil frondeur et une bonne gouaille, il ose, il bouge ! On sent un vent de liberté très agréable dans ce Clos des Rocs, et ça fait du bien 
Je ressors moins bête de cet entretien et la balade me conduit vers un autre domaine: Alain Delaye.
Autre ambiance mais tout aussi passionnant, je suis merveilleusement bien accueillie par Michèle Delaye, la femme d’Alain. Et tout commence bien avec le Pouilly-Loché « Les Mûres » 2013 à 14€ qui sent les fruits exotiques et vous enrobe d’une bouche à la fois suave et minérale. Je suis encore bien tombé. Et c’est confirmé avec le superbe Pouilly-Loché 2011: du toast, de la crème et du beurre avec toujours ces notes exotiques. A 12€, c’est une excellente affaire ! Mais l’intérêt des vins d’Alain, c’est la gamme d’arômes très large que l’on peut retrouver. Puisque « Les Mûres » 2010 (14€) rappelle les arômes oxydatifs de noix, de tabac et d’amandes grillées. Ayant un faible pour ces vins, celui-là me séduit tout de suite…
Et tout ça se déroule autour d’une discussion très intéressante sur l’avenir des appellations et notamment de Pouilly-Fuissé, qui va sûrement être classé en Premier Cru (du moins une partie) entre 2017 et 2020. Mais ça, c’est dans le prochain article, qui nous emmènera enfin dans ce village légendaire…et qui possède également une belle église, n’est-ce-pas ?
