Pas de hélas pour les vins de Delas, mais plutôt un grand BRAVO dans leur beau caveau. Après Paul Jaboulet Aîné, voici la deuxième partie des classiques de la Vallée du Rhône: la maison Delas Frères à Saint-Jean-de-Muzols !
Pas d’ennui dès le pas franchi dans ce nid. Les étiquettes volent et vous coiffent de leur auréole, vous rappelant que de Côte-Rôtie à Cornas, la maison Delas produit des vins d’as, vinifiés par leurs soins ! Puis de Grignan-les-Adhémar au Ventoux, c’est du négoce d’as, notamment pour Gigondas et Vacqueyras. En tout cas, hélas ou par grâce, Delas a été racheté par Deutz en 1977, puis par Roederer en 1997.
Une fois rentré, vous vous accoudez, prêt à vous délecter du viognier, sans oublier votre odorat pour la syrah ! Le ton est donné par Joan Berthon (ou Bruno Gonnet), votre humble serviteur pour un moment de bonheur.
Les Launes 2012 (Crozes-Hermitage) ouvrent le bal avec une pointe florale, sans oublier d’être structuré et frais au palais et étonnement citronné au nez. C’est 13,20€ pour ce beau 80% Marsanne et 20% Roussanne. Puis commence mon amourette avec le Domaine des Tourettes (Hermitage, 2012).
Ce 100% Marsanne issu du Clos des Prisonniers, vous entraîne dans son intensité brioché, inhalé par votre jolie petit nez, avant que ce toast beurré soit dégusté par un palais émerveillé, par l’équilibre de l’acidité !
Mais pour le même prix (44€), cette amourette laisse place à la classe d’un 100% Viognier du Clos Boucher (2012), au Nord de Chateau-Grillet. Au nez ou au palais, c’est un festival, que dis-je, un régal où se mêle structure de pain et fruits mûrs pour une longueur tout en fraîcheur. Cette finition en tension donne équilibre et harmonie. Bref, du Condrieu comme dans un vœu !
En parlant de souhaits, merci à mon parrain, qui les a exaucé sur les routes de la vallée. Toutes les AOC y sont passées, pour te réconcilier avec le viognier et moi avec le sucré En effet, le Muscat de Beaumes de Venise 2012 respire les fruits exotiques et vous englobe de toute son onctuosité, tout en restant frais et digeste ! Désolé s’il n’y pas de rîmes mais pour 14,4€, dans sa catégorie, je suis prêt à payer la dîme !
Maintenant, on bouge pour les rouges ! On est dans le fief, alors commençons par un Saint-Joseph. Les reflets violacés laissent échapper des notes poivrées, pour un rouge aux fruits…rouges. Mais ce 2012 les Challeys (16,8€) reste encore fermé…il faudra patienter. Tout comme le domaine des Grands Chemins (Crozes-Hermitage, 2010), qui ne serait pas sain d’ingurgiter si on n’attend point, par son nez et son palais animalier lourd et excessif (19,62€). C’est donc une petite déception après la partition de blancs si bons. Mais Joan ne tombe pas en panne et ouvre les vannes…
Le Saint Esprit (Côtes-du-Rhône, 2012) me réconcilie par sa longueur en fruits. Gourmand et friand, frais et poivré, c’est facile à siffler et à 7,80€, encore plus à dépenser ! C’est beau quand la syrah s’amourache du grenache…
Mais les puristes insistent sur l’éclat de la syrah. Alors l’Hermitage en est le meilleur héritage, et les Tourettes une vraie vedette ! (2011) Au nez se hisse du réglisse et des mûres tellement pures, que boire ces fruits noirs aux accents de bois réglissé, vous rend l’espoir… Maintenant et encore mieux plus tard, vous consommerez du nectar (44,4€).
En me lisant, vous devinez mon penchant pour les blancs de Delas, qui rendent l’âme vivace et l’écriture moins dure. Merci à l’œnologue Jacques Grange pour cet épilogue…