Dans la série drôle de vocabulaire après « renarder » et « maquiller », le vin peut avoir un oeil de perdrix ! Alors non, aucun rapport avec le cor qui se forme sur les orteils: boire un vin de pied, ça ne l’est justement pas…le pied
Mais nous parlerons plutôt de sa couleur…
Là encore, je me demande comment un jour, un type au moment de la dégustation, regarde son verre, admire la couleur du vin et sort tout à coup: « ce vin a une belle couleur oeil de perdrix » !?! Et le pire, c’est que tout le monde a dû dire: « ah oui, c’est vrai, tu as raison ! » A mon avis, ils n’en étaient pas au premier verre…
« Oeil de perdrix » que je te dis !
Quoiqu’il en soit, c’est rentré dans le langage œnologique courant (même si c’est moins utilisé à l’heure actuelle) et ce, dès le XIVe siècle ! Alors, il faut faire avec…Et même l’Académie Française doit être composé d’ivrognes car on retrouve l’expression dès 1694 dans le fameux Dictionnaire. Ou alors, c’était à la mode, cela montrait une certaine éducation d’utiliser ce mot. A vous de voir…
Personnellement, je reste sur l’option de l’ivrogne car ce terme a été employé pour les 3 couleurs du vin ! Vous n’allez pas me dire que c’est logique !?!
D’abord, le terme est utilisé pour les vins rouges à robe pâle, tirant vers le rubis clair. Les deux exemples les plus classiques sont le Pinot Noir de Bourgogne (pour les vins avec courte cuvaison, c’est à dire que le jus n’est pas resté longtemps en contact avec la peau du raisin, responsable de la couleur) et le Ploussard (ou Poulsard…explication ici) du Jura.
Jusque là ça va…Puis, par un glissement sémantique que je ne saurais expliqué, aux XVIIIe et XIXe siècles, cela qualifie un vin blanc avec une teinte rosée comme certains champagnes et même certains vins blancs avec une longue fermentation, du type Meursault !!!
Entre le Poulsard et le Meursault, vous trouvez une ressemblance ??? Voilà pourquoi, je maintiens la théorie de l’ivrogne ! Mais peut-être que certains ont pensé qu’ils étaient allés trop loin, car aujourd’hui la couleur oeil-de-perdrix qualifie surtout un vin rosé à la robe claire. Et c’est même devenu une marque d’un vin rosé suisse de Neufchâtel, à base de Pinot Noir…retour aux origines.
Pour la petite histoire, en plus d’être ivrogne, notre ami inventeur du terme devait être chasseur, car la couleur fait référence à la couleur de l’oeil de la perdrix à l’agonie…comme sur la photo. Très similaire au Meursault…
