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Les étiquettes de Mouton Rothschild: pourquoi ?

Comme vous, je bois du Mouton Rothschild presque tous les jours. Les autres, seulement un petit Mouton 😉 Pourquoi ? Car je suis un buveur d’étiquettes bien sûr :-( Mais avec ce Premier grand Cru Classé, ce terme prend tout sons sens.Voici l’histoire des étiquettes de Mouton Rothschild.

Carlu

C’est un peu l’histoire du Petit Prince version Baron: « Dessine moi un Mouton Rothschild ! ». C’est à peu près par ces mots que Philippe de Rotschild a du demander au publiciste Jean Carlu d’illustrer le millésime 1924 ! Pourquoi ? Premier millésime mis en bouteille au château. Cette étiquette reste ainsi le symbole du Mouton jusqu’en 1945, et depuis 1994 celle du Petit Mouton. D’ailleurs pourquoi Mouton ? Rien à voir avec l’animal, comme l’explique Philippe Margot dans son ouvrage L’intégrale des étiquettes de Mouton Rothschild (librement consultable ici): « Mouton vient du « mothon », pour une petite motte (NDLR: en gascon), chacun de ses trois crus se situant sur des buttes légèrement surélevées ».

19451945 marque alors un tournant dans l’histoire du vin, et accessoirement dans l’histoire de France. Le Baron décide d’appeler un ami, le peintre Philippe Jullian pour célébrer la Libération. L’étiquette ne pouvait être plus explicite. Et ce qui ne devait être qu’une exception devient la règle: à chaque millésime son artiste. Pendant une dizaine d’années, le Baron se tourne surtout vers ses amis, dont Jean Cocteau, Marie Laurencin ou encore une « figure de Montmartre », André Dignimont.

Puis d’étiquette amicale, elle devient mythique: George Braque réalise la cuvée 1955. Alors pour les branques qui ne connaissent pas Braque, c’est un crack de l’Estaque, à l’origine du cubaque…euh du cubisme pardon 😉 La renommée devient alors internationale.

braque

La liste des artistes devient un vrai musée sur bouteille: Dali en 1958, César en 1967, Miro en 1969, Chagall en 1970, Kandinsky en 1971, Picasso en 1973… D’autant que dans les années 1970, le souhait du Baron est de choisir des artistes vivants à l’étranger pour appuyer son ambition commerciale internationale. Et la liste du musée continue: Warhol en 1975, Bacon en 1990, Balthus en 1993 ou encore Jeff Koons en 2010. Bref, tout va bien dans le meilleur des mondes…ou presque.

Et oui, à chaque règle ses exceptions. Vous ne trouverez ainsi aucune étiquette d’artiste en 1953. Centenaire du château oblige, un médaillon de Nathaniel de Rothschild orne la bouteille (ayant acheté la propriété Brane Mouton en 1853 à Pauillac). De même pour 2003 et le cent cinquantenaire. En revanche pour 1973, c’est un hommage à la Babeth d’Angleterre, venue visiter le château. Quant à 2000, c’est une gravure du bélier d’Augsbourg, emblème du château. C’est tout ? Oui…ou presque, encore une fois. 3 millésimes sont à mettre à part. Avec votre œil avisé de spécialiste en artiste russe, vous aurez remarqué que j’ai écrit « Kandinsky en 1971″, or il meurt en 1944 !?! C’est un hommage de sa fille qui va offrir au Baron une gouache inédite de son père. De même, Paloma Picasso offrira une reproduction des Bacchanales de son père, mort en 1973. Kandinsky Picasso

Enfin, il y eut un scandale avec l’ami Balthasar. Il va fait parler de lui en illustrant le Mouton 1993 avec un nu. Oulala, scandale aux Etats-Unis, pays au combien puritain :-) . Le FBI et la CIA sont sur le coup, on rappelle les vétérans du Viêtnam pour envahir le château. Bref, entre deux entrevues avec sa stagiaire Lewinsky, Clinton est offusqué. Puritain, je vous dis :-) La bouteille est donc interdite et une deuxième étiquette est créée…Les voici, pour vous faire une idée:

Mouton1993Niveau rémunération ? Du liquide bien sûr…avec deux millésimes du choix de l’artiste. Pour ma part, ça sera 1985, qui paraît-il fut un excellent millésime, sûrement celui du siècle, surtout du côté de Lyon 😉

1985

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